Olimpia Mamula Steiner: «La chimie, c’est un Lego®!»
Son parcours binational roumain-suisse trouve racine dans sa passion pour la langue française. «J’ai toujours été francophile», raconte Olimpia Mamula Steiner. «J’étais la seule personne, dans mon village en Roumanie, à parler le français! Alors j’étais l’interprète de la délégation de Cortaillod, commune jumelée avec mon village.»
Séduite par l’impact concret que les sciences dures peuvent avoir, elle fréquente l’université, à Bucarest et, une fois son diplôme de chimiste en poche, elle poursuit son cursus avec un Master à l’EPFL en Ingénierie de l’environnement, grâce à une bourse d’études de la Confédération.
Olimpia Mamula Steiner envisage ensuite de traverser l’océan, mais c’est finalement à l’Université de Fribourg qu’elle décide de rédiger sa thèse de doctorat sur l’ingénierie stéréochimique des complexes métalliques, qui sera évaluée par un lauréat Nobel comme expert externe et récompensée par le prix Vigener de la meilleure thèse de la Faculté des sciences. Elle a d’ailleurs toujours gardé un lien avec cette même faculté, puisqu’elle y donne actuellement un cours: «La proximité entre la HEIA-FR et l’Université est une richesse extraordinaire pour la chimie».
Plusieurs étapes s’enchaînent ensuite: après un post-doctorat à Bâle, elle deviendra maître-assistante à l’Université de Lausanne, ensuite à l’EPFL où elle mènera son groupe de recherche et dirigera des thèses de doctorat. Puis, un nouveau chapitre s’ouvre à elle dans l’industrie horlogère: «Mais les étudiants me manquaient», avoue-t-elle. «Ici à la HEIA-FR, nous avons un grand espace de liberté dans nos recherches et un lien très fort avec les étudiants».
«J’aime beaucoup inventer et créer: la chimie, c’est un Lego®», confie avec satisfaction la chercheuse, qui travaille sur la découverte et la fonctionnalisation de nouveaux matériaux. Et dans son domaine de prédilection, la synthèse de nouvelles molécules, les projets sont très variés. Elle est par exemple en train de développer des nanoparticules métalliques dans le but de créer de nouvelles encres pour l’impression numérique afin d’aider l’industrie à passer le cap de la digitalisation. En collaboration avec le Laboratoire fédéral de Spiez, une nouvelle molécule découverte par la doctorante Atena Solea est étudiée afin de fabriquer un détecteur de gaz toxiques.
«Dans la recherche, nous ne pouvons jamais être sûrs d’obtenir rapidement des résultats», précise-t-elle. «Mais ici, nos projets sont toujours inscrits dans une optique pluridisciplinaire, en collaboration avec des industriels qui ont des objectifs très concrets. Nous sommes l’anneau manquant entre la recherche fondamentale et l’application: l’équilibre est délicat, mais c’est extrêmement enrichissant.»
«Un projet de qualité permet de monter une bonne équipe», souligne Olimpia Mamula Steiner. «Le contact avec les gens, l’esprit de collaboration, la possibilité d’aider les étudiants et les collaborateurs à faire de nouvelles découvertes et à développer leur passion, c’est une opportunité inégalable.» Et elle ajoute avec beaucoup d’entrain: «J’ai la chance de suivre quelques étudiants vraiment exceptionnels. J’aime beaucoup m’occuper d’eux et je me réjouis de leurs succès.»
C’est dès le début de leur parcours que la communication avec les étudiants se construit: «Notre rôle est aussi de les aider à s’intéresser aux thématiques abordées en cours. Je trouve par exemple génial que, dans les séries télévisées, les explications scientifiques soient correctes», révèle la professeure, qui n’hésite pas à citer Breaking Bad durant ses cours pour éveiller la curiosité de ses étudiants.
Et Olimpia Mamula Steiner d’ajouter: «La profession d’enseignant est vraiment très noble, et elle devrait être exercée seulement par des personnes qui en ont la vocation. Après tant d’années d’expérience, je n’ai pas peur de dire que j’ai cette vocation.»