Interview de Léonie Marchand
Quel est votre parcours professionnel ?
Après un baccalauréat en France, j’ai été admise à l’EPFL en science des matériaux. La première année se soldant par un échec, j’ai découvert l’année passerelle pour intégrer les HES en ingénierie. Je ne connaissais pas ce système de formation.
L’aspect pratique de l’école d’ingénierie m’a plu. J’ai toujours été très académique, très scolaire et c’était pour moi l’occasion d’acquérir de la pratique afin de me sentir à l’aise sur le marché du travail plus tard. La mentalité de la HES me correspondait bien.
Pourquoi avoir choisi Fribourg ?
J’ai pu visiter toutes les hautes écoles d’ingénierie romandes et j’ai choisi la filière de génie mécanique de Fribourg.
Le programme de formation de Fribourg était celui qui se rapprochait le plus de mon parcours à l’EPFL, de mes intérêts ainsi que de ma vision du métier d’ingénieur.
Et en visitant la HEIA-FR, j’ai simplement eu un bon feeling.
Quel domaine de la mécanique vous intéresse particulièrement ?
Les matériaux restent un domaine qui m’intéressent. En troisième année, on peut choisir entre trois options. J’ai choisi « structures légères et polymères » qui permet d’approfondir les connaissances sur les matériaux, leur fabrication et la manière de concevoir.
Ici à Fribourg, l’accent est mis sur la conception. On nous apprend à devenir des concepteurs et conceptrices. La démarche est intéressante : on nous pose un problème et nous trouvons la solution.
Comment envisagez-vous votre futur professionnel ?
Mon objectif est de continuer en Master ; j’ai besoin de me spécialiser plus, de maîtriser un domaine. J’envisage de partir à l’étranger.
Ingénieuse.ch est une initiative de la HES-SO. Comment en avez-vous fait partie ?
J’ai reçu un appel à recrutement de la part de la HES-SO pour constituer une équipe d’étudiantes, une ou deux par école. Le but est de sensibiliser les jeunes personnes, mais surtout les filles au métier de l’ingénierie. Il est question de déconstruire les stéréotypes et montrer que les études d’ingénierie sont accessibles. Nous essayons de montrer que les femmes y ont autant leur place que les hommes.
Nous relayons notre quotidien sur les réseaux sociaux via Instagram et Facebook. Nous écrivons aussi des articles sur ingénieuse.ch. Il s’agit d’une activité de communication via le web et les réseaux sociaux.
Quelle est votre réalité en tant que femme dans la filière de génie mécanique ?
En génie mécanique, je suis la seule femme sur une cinquantaine d’étudiant-e-s en troisième année. Cette proportion était d’environ 1/70 en première année.
Il n’a pas été facile de m’intégrer. Je me suis retrouvée dans une classe de professionnels alors que je venais du monde académique. Très peu d’étudiants avaient déjà travaillé avec des femmes. Les remarques liées au fait d’être une femme existent. J’essaie d’éviter ces situations.
À votre avis, pourquoi faut-il des femmes en ingénierie ?
Je constate que quand je participe à des projets de groupe, il est utile d’avoir des femmes dans l’équipe.
Au niveau professionnel, surtout quand on travaille en équipe, les compétences sociales ou soft skills ont autant d’importance que les savoirs techniques. Les compétences en communication sont essentielles.
De plus, il est important d’avoir, dans une équipe, différents points de vue. Un mélange homme-femme dans un groupe amène de la diversité, ce qui constitue une richesse.
Notamment au niveau de la conception de produits, jusqu’à ce jour, la majorité l’a été par des hommes. Or ces produits ne sont pas forcément adaptés à une utilisation par des femmes.
Le monde est fait d’hommes et de femmes pour moitié, les produits et systèmes devraient être conçus par des hommes et des femmes, pour moitié. Les gens qui conçoivent devraient refléter la société telle qu’elle est.