Vers une chimie plus verte : un prestigieux soutien pour un projet mené par la HEIA-FR et l'UNIBE
L’industrie chimique, pilier essentiel de la société moderne, fournit des produits indispensables, des médicaments aux matériaux de pointe. Cependant, elle fait face à un défi majeur : réduire son empreinte environnementale. Les procédés traditionnels de production reposent souvent sur des solvants toxiques et/ou des réactifs dangereux, qui consomment beaucoup d’énergie et génèrent des déchets nocifs.
Afin de repenser ces pratiques, les chercheurs se tournent vers une approche émergente : la mécanochimie. Cette technologie utilise la force mécanique – telle que les collisions et le cisaillement – pour initier des réactions chimiques, éliminant ainsi le recours massif aux solvants liquides et ouvrant l’accès à l’utilisation de réactifs d’une nouvelle génération. Cette méthode, combinée aux nouveaux réactifs, permet d’obtenir des réactions plus propres, plus rapides, plus efficaces et plus sûres, ouvrant la voie à une chimie durable et performante.
Un projet d’excellence soutenu par le FNS Bridge Discovery
Ludovic Gremaud, professeur ordinaire dans la filière de chimie de la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg (HEIA-FR), associé au professeur Dmitry Katayev (co-requérant) de l’Université de Berne (UNIBE), ont récemment obtenu un financement majeur du Fonds National Suisse (FNS) Bridge Discovery en tant qu’appliquant principal.
Ce programme de financement extrêmement compétitif affiche un taux de réussite d’environ 10-11 % seulement – sur près de 110 à 120 candidatures, à peine plus d’une dizaine ont été retenues cette année.
Le projet porté par la HEIA-FR et l’UNIBE bénéficie ainsi d’un soutien de près de 1,9 million de francs suisses sur quatre ans, permettant de renforcer la recherche et l’innovation dans le domaine de la mécanochimie et du développement de nouvelles générations d’agents de nitration.
Une innovation majeure : la nitration sans solvant
Le projet s’intéresse à l’un des processus chimiques les plus cruciaux et complexes : la nitration des molécules organiques. Cette réaction est essentielle à la production de nombreux composés, tels que les médicaments, les agents de protection des cultures, les colorants et les matériaux avancés. La plupart des méthodes traditionnelles reposent sur un mélange d’acide nitrique et sulfurique, concentré dans des conditions réactionnelles extrêmes qui génèrent d’importants volumes de déchets dangereux.
L’objectif est de développer une nouvelle méthode mécanochimique de nitration sans solvant, reposant sur une classe inédite de réactifs plus sûrs et respectueux de l’environnement. Ce procédé vise à réduire considérablement les émissions, les déchets et la consommation énergétique, tout en améliorant la sécurité des réactions de nitration et en maintenant une efficacité de réaction optimale.

Un projet unique dans le domaine de la mécanochimie
Ce projet se distingue par le développement d’une nouvelle génération d’agents de nitration, conçus pour réduire la complexité et les risques liés à la production à l’échelle industrielle. En associant ces réactifs innovants à une technologie de rupture, la mécanochimie, cette approche promet de transformer durablement les procédés chimiques, les rendant plus simples, plus sûrs et plus durables.
Une collaboration pour un impact industriel durable
Le programme repose sur une collaboration étroite entre partenaires académiques et industriels, spécialisés dans la nitration et les technologies de mise à l’échelle. L’objectif est de mettre au point un procédé écologique, rentable et adaptable aux besoins du secteur chimique.
En proposant une approche intégrée alliant innovation scientifique et viabilité industrielle, le projet vise à établir une nouvelle référence en matière de procédés chimiques durables, conciliant performance et respect de l’environnement.
