Portrait de chercheur - Andreas Fischer
«Cette analyse est, pour les sciences humaines, ce que le télescope a été pour les astrophysiciens». Andreas Fischer, professeur associé à la HEIA-FR, explique avec passion le sens de ses recherches.
C’est grâce à son travail d’étudiant dans une start-up bernoise qu’Andreas Fischer développe sa passion pour l’informatique. Il poursuit ainsi son parcours académique dans les mathématiques appliquées avec un doctorat en informatique suivi d’un post-doctorat à Montréal, avant d’intégrer l’institut iCoSys en 2015.
«L’informatique me permet d’utiliser les mathématiques pour résoudre des problèmes concrets», affirme-t-il avec enthousiasme. «C’est un moyen pour atteindre un but, pour aider réellement quelqu’un.» Professeur passionné, Andreas Fischer s’intéresse aussi à l’enseignement de la programmation aux chercheurs qui, sans avoir une formation scientifique, pourraient en profiter dans leur propre travail.
Son domaine de prédilection? La reconnaissance des formes (pattern recognition), un sous-domaine de l’intelligence artificielle. «Lorsque nous apprenons à écrire, nous découvrons d’abord les lettres et leurs variantes – et nous parvenons même à les associer à des formes similaires: en voyant la Tour Eiffel, nous pensons à la lettre A», explique-t-il avec un sourire. «Une machine va faire exactement la même chose: quand elle voit une nouvelle lettre, elle la compare à toutes les formes qu’elle connaît pour trouver la plus ressemblante.»
«Une machine n'est pas et ne sera probablement jamais aussi intelligente qu'un humain», ajoute-t-il. «Mais contrairement à lui, elle peut traiter très rapidement d’énormes quantités de données. Si on lui apprend à résoudre des problèmes complexes, elle pourra travailler sur des bases de données beaucoup plus vastes. C’est l’avantage de l’analyse quantitative.»
Andreas Fischer s’est spécialisé dans l’étude de documents, un travail interdisciplinaire où il collabore avec des experts des sciences humaines. Sa thèse de doctorat visait la transcription d’anciens manuscrits dans un format électronique que tout chercheur – et même une machine – peut lire: «Les bibliothèques archivent les documents anciens sous forme de photos, mais leur contenu reste inaccessible. Nous avons un patrimoine culturel immense encore inexploité: un nouveau monde à découvrir.»
Aujourd’hui il suit des projets d’étudiants sur des corpus de documents très variés, des registres paroissiaux fribourgeois aux stèles vietnamiennes en passant par des papyrus grecs et coptes.
Mais tous ses projets n’ont pas une visée uniquement académique: «Ici à la HEIA-FR, nous soutenons activement les entreprises. Un bel exemple d’un projet qui demande un travail de recherche fondamentale mais qui a un but commercial est la collaboration que je viens de débuter avec Swisscom, une entreprise qui a une très belle culture de la recherche.» L’objectif: améliorer les services automatiques de reconnaissance linguistique afin qu’ils comprennent les dialectes alémaniques, utilisés au quotidien par de nombreux clients potentiels.
«J’essaie toujours de comprendre la sémantique de la discipline de la personne avec laquelle je travaille.» Une méthode qu’Andreas Fischer affectionne particulièrement est ainsi la reconnaissance structurelle de formes: «Nous pouvons décrire les objets comme des éléments liés les uns aux autres pour former un ensemble. En informatique, on peut relier les nœuds entre eux sous forme de graphes, et les données présentées sous cette forme sont beaucoup plus compréhensibles qu’une représentation binaire 0-1.»
Et il souligne: «C’est pour cette raison que je me sens bien ici, à la HEIA-FR. Nous pouvons mettre en pratique les méthodes que nous développons, les proposer à des personnes qui les utilisent volontiers. Je retrouve ce qui était important pour moi lorsque j’ai choisi ma voie d’études: l’utilité de mon travail.»