Portrait de chercheuse - Laure Dupuits
Depuis son enfance, Laure Dupuits vit pour la science. Sans doute a-t-elle hérité cette passion de son père, qui, lui aussi, était ingénieur en matériaux. Au sein de l’iRAP, la chercheuse s’intéresse à l’optimisation des matières plastiques. «Le plastique est merveilleux, car il possède un panel de propriétés très larges. Extrêmement léger, il peut remplacer le métal, dans la construction automobile, par exemple.»
Née en France, Laure Dupuits commence ses études à Grenoble, en accomplissant un DUT (diplôme universitaire de technologie) après son baccalauréat. Consciente de l’importance de l’anglais dans les domaines techniques, elle effectue un Bachelor en physique à l’Université de Brighton, en Angleterre. De retour en France, elle termine sa formation d’ingénieure à l’INSA en se spécialisant dans les matériaux. Après un passage dans l’industrie du luxe, la chercheuse travaille deux ans pour le géant pétrolier Total. Dans le cadre d’une thèse industrielle pour Arkema, menée en collaboration avec l’EPFL, elle s’installe en Suisse. Finalement, après un détour par l’enseignement, dans le secondaire II, et la naissance de son deuxième enfant, Laure Dupuits arrive à la HEIA-FR en 2010.
«Mon poste à Fribourg correspond pleinement à mes aspirations: poursuivre mes activités de recherche tout en enseignant», précise-t-elle. En tant que professeure, elle dispense des cours sur le large domaine des matériaux aux étudiant-e-s de premières années et sur les polymères pour les troisièmes années. Au sein de l’iRAP, c’est l’optimisation des matières plastiques qui occupe le plus grand de son énergie. Plus précisément, elle s’intéresse à leurs propriétés et fonctions. «Je mène actuellement un gros projet Innosuisse qui a pour objectif de rendre les polymères conducteurs. On le sait, le plastique est généralement utilisé comme isolant. Mais en y incorporant des charges, sous forme de petites plaquettes de métal par exemple, on peut le rendre conducteur. Ces procédés permettent de conserver l’aspect léger du plastique en y ajoutant des caractéristiques du métal, telle que la conductivité par exemple».
Le plastique est aujourd’hui la cible de nombreuses critiques. Pour Laure Dupuits, il demeure néanmoins un matériau primordial pour l’innovation, mais on doit aujourd’hui le mettre en œuvre dans une vision plus durable. «Dans un premier temps, il faut arrêter la surconsommation et réfléchir en termes d’économie circulaire. Les objets plastiques ne doivent pas être utilisés et jetés immédiatement. Après une première utilisation, il faut les reconditionner et les réutiliser, encore et encore.» Dans cette idée, la chercheuse travaille en collaboration avec Benoît Grelier, lui aussi professeur en génie mécanique, au remplacement des résines Epoxy, nocives pour l’environnement, par des composites thermoplastiques. «En parallèle, nous travaillons aussi sur le développement d’une éolienne dont les pales sont construites à base de composites thermoplastiques biosourcés. C’est-à-dire que l’on se sert de polymères naturels, qui peuvent être recyclés et réutilisés facilement», précise la chercheuse. Le plastique n’est donc pas bon à jeter. Mais il faut largement améliorer son rendement. C’est l’une des voies explorées par l’iRAP et par le Plastics Innovation Competence Center (PICC).
L’interdisciplinarité et les échanges avec des institutions variées et des entreprises sont des moteurs de la passion de Laure Dupuits pour la recherche: «Toutes ces relations établies avec d’autres établissements et avec les industries nous permettent de continuellement progresser. Aujourd’hui, il y a une vraie effervescence dans la science des matériaux. J’aime me dire que, si on collabore sur un projet commun, on peut obtenir de très bons résultats en termes d’optimisation des process et des produits et faire considérablement progresser l’industrie.»